Kassia Undead (2025) - Lara Barsacq

Entre archives, fiction, documentaire, autobiographie et rituel, Lara Barsacq entremêle les pistes comme personne, et remet en lumière et en dialogue avec notre époque des oubliées de l’histoire. Hymnographe de l’empire byzantin, canonisée, Kassia est l’une des premières compositrices du Moyen Âge dont les partitions ont été préservées. Son oeuvre inspire à la chorégraphe une traversée culturelle et temporelle, une tentative poétique d’échanges avec l’au-delà.

Quelque part entre figurant·e·s et troubadours, huit interprètes – de la danse et/ou du chant – fouillent la dualité entre divin et démoniaque, les chemins de la nécromancie et de la divination, la confluence de l’Orient et de l’Occident, les sources de l’art polyphonique. L’espace scénique sera tendu de toiles et bannières inspirées aux artistes des Ateliers Indigo par l’imagerie médiévale ou contemporaine. Paysage en mouvement pour voyage dans le temps, du lointain passé au futur proche. M.B.

Après Lost in Ballets russes (2018), IDA don’t cry me love (2019), Fruit Tree (2021) et La Grande Nymphe (2023), Kassia Undead est le cinquième projet de Lara Barsacq.

Les premières ont eu lieu du 9 au 11 octobre 2025 au Théâtre de Liège ; le 10 octobre dans le cadre de la Biennale de Charleroi danse et de la plateforme Objectifs Danse.


DATES A VENIR

  • 04.11.2025 | Les Brigittines, Bruxelles (BE)

  • 05.11.2025 | Les Brigittines, Bruxelles (BE)

  • 06.11.2025 | Les Brigittines, Bruxelles (BE)

  • 07.11.2025 | Les Brigittines, Bruxelles (BE)

  • 12.12.2025 | December Dance, Koninklijke Stadsschouwburg, Brugge (BE)

  • 17.12.2025 | Cité musicale-Metz, Metz (FR) - Première en France

  • 20.03.2026 | Les Ecuries - Charleroi danse, Charleroi (BE)

  • 21.03.2026 | Les Ecuries - Charleroi danse, Charleroi (BE)

DATES PRECEDENTES

  • 19.06.2025 | Showing / Etape de travail, La briqueterie CDCN, Paris (FR)

  • 09.10.2025 | Théâtre de Liège, Liège (BE) - PREMIERE

  • 10.10.2025 | Biennale de Charleroi danse x Théâtre de Liège, Liège (BE)

  • 11.10.2025 | Théâtre de Liège, Liège (BE)

 

Kassia Undead - un projet de Lara Barsacq (création 2025)

Création et interprétation : Marta Capaccioli, Cate Hortl, Tarek Halaby, Aymara Parola, Klara Verkin, Els Mondelaers, Agnès Potié, Emma Laroche
Création musicale : Cate Hortl
Musique : Kassia de Constantinople, Salim Bali
Création Lumière : Estelle Gautier
Conseils artistiques : Gaël Santisteva
Accompagnement vocal : Jean-Baptiste Veyret-Logerias
Historienne de l'art : Brunella Danna Allegrini
Scénographie : Ateliers Indigo - Alexandra Siebert, Alice Forsberg, Clara Vandebotermet, Jean Everarts, Magali Cote, Patricia Calà (accompagnés par Lily Sato, Adrien Vermont, Maya de Mondragon, Corinne Chotycki)
Sérigraphie : Frédéric Jamagne
Stagiaire en scénographie : Teo Verougstraete
Costumes : Lara Barsacq
Réalisation costumes : Catherine Somers et les ateliers costumes du Théâtre de Liège
Régie générale : Emma Laroche
Régie son : Benoit Pelé
Administration & production : Mélanie Jourdan, Myriam Chekhemani, Elisabeth Maréchal (La chouette diffusion)
Communication & diffusion : Quentin Legrand (Rue Branly)
Production : Gilbert & Stock
Coproduction : Théâtre de Liège, Charleroi danse - Centre Chorégraphique de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Les Brigittines, December Dance (Concertgebouw Brugge & CC Brugge), DC&J Création (BE), Cité musicale-Metz, La Briqueterie CDCN (FR)
Résidences de création : Charleroi danse, Théâtre de Liège, Grand Studio (BE), La Briqueterie CDCN (FR), CSC - Centro per la scena contemporanea (IT)
Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles, de Wallonie-Bruxelles International, Grand Studio, du Tax Shelter du Gouvernement fédéral belge et d’Inver Tax Shelter

Lara Barsacq est accueillie en compagnonnage au Théâtre de Liège (2024-2028) et en résidence à la Cité musicale-Metz (2024-2026).

Photos : Stanislav Dobak


EXTRAITS DE PRESSE

[ Critique ] “Après des pièces évoquant les Ballets Russes, Lara Barsacq se passionne cette fois pour Kassia ou Cassienne de Constantinople. (…) Comme à son habitude, Lara Barsacq évoque et invoque ce personnage à travers la danse, la musique et le chant. Ici, chanteuses, danseuses, danseur et régisseuse sont embarqués sur le même plateau, passant d’un rôle à l’autre avec une aisance confondante. Des voix off invoquent Kassia dans l’espoir de la voir apparaître sur le plateau mais c’est à travers les huit interprètes qu’elle va se manifester. Plus encore que dans les opus précédents, le chant et la musique se taillent la part du lion, créant une atmosphère envoûtante où le mariage des voix fait merveille mais où l’usage de certains instruments inattendus vient parfois enrichir le propos. La danse, quant à elle, se nourrit de cet univers. Discrète, elle se déploie en pointillé, commençant par une chaîne humaine où l’on croit déceler quelques mouvements de sirtaki puis se développant, au fil des chants, à la manière des danses du Moyen Age, entre grâce et grotesque. Tantôt, les pieds martèlent le sol à la façon du flamenco, tantôt les corps se tordent comme dans les bas-reliefs moyenâgeux. Loin de tout récit linéaire, Kassia Undead ravive ainsi l’esprit d’une femme d’exception et réussit un alliage idéal entre musique et mouvement.”
Jean-Marie Wynants, Le Soir, 14.10.25

[ Critique ] “La chorégraphie oscille entre lenteur hiératique et mouvements rapides, désarticulés. Les gestes évoquent divinités, figures funéraires, processions ou fanfares. Les frappes percussives des pieds, comme des tarentelles folles, brisent les motifs. Les corps, semblables à des totems animés, donnent au plateau une intensité hypnotique et charnelle. (…) Le caractère évanescent de cette pièce est captivant. Pour moi, ‘KASSIA UNDEAD’ est comme un parfum. Un effluve qui apparaît puis s’évanouit, laissant un sillage entêtant. (…) Comme chaque note de ce parfum, chaque fragment de la pièce se révèle à son rythme. ‘KASSIA UNDEAD’ est un puzzle aux pièces finement ciselées : parfois, on les assemble, parfois non. C’est une danse de la sensualité, du mystique, de l’invocation et de l’incantation. La pièce est portée par un casting remarquable : danseurs et chanteurs se confondent si subtilement qu’il est presque impossible de distinguer leur formation. Cette porosité rare renforce la fluidité de l’ensemble et nous entraîne dans un univers à la fois réel et presque paranormal. (…) Ce n’est pas une pièce qui cherche le frisson ou la dénonciation brutale : sa force réside dans la subtilité et dans la curiosité. Elle illustre ce que je perçois de plus en plus dans les arts vivants d’aujourd’hui : une forme capable de montrer la violence historique et structurelle du monde sans y recourir. Par la documentation et l’expérience du sensible, elle invite à voir autrement le passé pour penser et construire un futur, ne serait-ce qu’un peu, plus incarné et responsable.”
Lodie Kardouss, pzazz Theater, 14.10.25

[ Lara Barsacq ] “J’aime penser que Kassia est venue à moi. Elle est apparue lors d’une discussion avec l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège, qui m’avait proposé de travailler autour d’une œuvre symphonique. J’avais envie de convoquer une compositrice et en faisant quelques recherches sur Internet, je suis tombée sur Kassia, qui était présentée comme une des premières compositrices européennes, avant Hildegarde von Bingen. J’ai trouvé sa musique extraordinaire : ce sont des hymnes liturgiques aux saintes et aux martyres, chantées avec très peu d’instruments. Si cette musique n’était pas adaptée au projet philharmonique, Kassia est restée avec moi. Depuis, elle hante le studio, et aujourd’hui nous l’invoquons sur scène. (…) On essaie de la réveiller avec des danses macabres et des pas inspirés de la gestuelle spécifique et parfois grotesque du Moyen Âge, sachant bien que nous n’avons que notre imaginaire associé à des représentations pour les visualiser. À partir de ces éléments, des iconographies médiévales et des chants de Kassia, nous avons recréé une nouvelle imagerie et une nouvelle gestuelle, inventée au fil d’improvisations. Elles prennent ensuite la forme de tableaux vivants qui se métamorphosent. Nous avons travaillé des mouvements en slow motion, pour figurer le retour de Kassia d’outre-tombe. Nous créons à travers cette pièce un folklore qui nous est propre, nourri de fictions et de fabulations. Dans cette cérémonie, j’invoque des femmes oubliées en prononçant leurs noms, pour qu’elles nous accompagnent, nous soignent et nous portent. J’aime être dans l’utopie quelles reviendront pour nous apaiser quand bien même l’époque n’est pas propice à la co-existence des différences.”
Propos recueillis par Belinda Mathieu, septembre 2025

[ Lara Barsacq ] “J’ai eu envie de découvrir une œuvre écrite par une femme. Au fil de mes recherches, je suis tombée sur Kassia de Constantinople. Ses chants m’ont bouleversée : des voix féminines d’une beauté et d’une intensité rares. (...) J’ai alors su que je voulais aller plus loin. Créer une pièce dans laquelle sa musique serait chantée en direct, incarnée. (...) Sa musique est étonnante : très distendue, parfois décalée. Elle a une intensité vocale unique. Le spectacle permet de découvrir cette matière sonore, de plonger dans l’univers de la voix et de ses résonances.”
Entretien avec Lara Barsacq, Anne Golaz, Nouvelles De Danse, 29.09.25